Le silence n’est pas tant l’absence de bruits qu’une présence entre les sons
Manon Bergeron
Au gré de mes pérégrinations virtuelles, je suis tombée un jour sur une pensée de Lao Tseu tirée de son livre de la voie et de la vertu. Heureusement que le hasard existe, car avec un titre pareil, je ne suis pas certaine que j’aurais même jeté un coup d’oeil! Le livre est composé de nombreuses pensées écrites de façon assez poétique. Il doit exister bon nombre de traductions des versets de Lao Tseu. Celle-ci est de Conradin Von Lauer.
Le son et le silence créent l’harmonie
Lao Tseu
C’est la deuxième pensée qui m’a inspirée (voir le texte à la fin du billet). L’image du haut et du bas qui reposent l’un sur l’autre est très jolie, comme une évidence oubliée, des cubes qu’on emboîte. La phrase où le tout et le rien ont le même visage me parle beaucoup, celle où le son et le silence créent l’harmonie, encore plus. Cette dernière m’en rappelle une autre lue quelque part et attribuée à Yonejirō Noguchi « J’écoute le chant de l’oiseau, non pour sa voix, mais pour le silence qui suit ». Pour remettre dans le contexte du yoga, j’apprécie la vibration d’un mantra, parce que chanter fait du bien au coeur, mais c’est surtout le silence qui suit qui pénètre et apaise.
C’est dans la suspension du souffle après l’expiration que le mental se pose
Manon Bergeron
S’octroyer un temps de silence, c’est s’octroyer une parenthèse bénéfique. C’est un moment à savourer. Le silence est comme une respiration qui mène au calme. Ce n’est pas tant l’absence de bruits qu’une présence entre les sons. C’est aussi dans la suspension du souffle, particulièrement après l’expiration, qu’on entend le silence et ressent la plénitude.
DEUX Le monde discerne la beauté, et, par là le laid se révèle. Le monde reconnaît le bien et, par là le mal se révèle. Car l'être et le non-être s'engendrent sans fin. Le difficile et le facile s'accomplissent l'un par l'autre. Le long et le court se complètent. Le haut et le bas reposent l'un sur l'autre. Le son et le silence créent l'harmonie. L'avant et l'après se suivent. Le tout et le rien ont le même visage. C'est pourquoi le Sage s'abstient de toute action. Impassible, il enseigne par son silence. Les hommes, autour de lui, agissent. Il ne leur refuse pas son aide. Il crée sans s'approprier et oeuvre sans rien attendre. Il ne s'attache pas à ses oeuvres. Et, par là, il les rend éternelles. Lao Tseu, Dao De Jing (Tao King): le principal «Livre de la Voie et de la Vertu»